Le GPS : La voie de mon maître ?
Non, je n'ai pas fait de faute dans le titre. Mais à vrai dire, je vais tout autant vous parler de sa voie que de sa voix ! Ca tombe bien : comme la plupart d'entre vous le savent, je viens de me taper 7h de route pour arriver en bretagne - mais sans gps ! - donc c'est d'actu !!!
Notre Global Positioning system voit (avec un "t" cette fois-ci) sa cote de popularité monter en flèche ! Celui qui nous guide, nous amène partout où l'on veut aller avant même que nous sachions nous-même où cela se trouve, qui susurre autoritairement à notre oreille la route à suivre pour ne point s'égarer, m'amène tout de même à me questionner.
Il est vrai qu'il est très confortable d'oublier nos vieilles cartes trop grandes et qui plus est souvent trouées, pour un minuscule ordinateur de bord que nous n'avons même plus à daigner regarder pour arriver à bon port. Qu'il est confortable également de laisser de côté les cartes de tailles plus raisonnables mais auxquelles il manque toujours un bout - celui dont vous avez besoin, sinon ce n'est pas drôle. De ne plus ouvrir un bout de fenêtre à la va-que-je-te-pousse au détour d'une ruelle et avant que le feu ne repasse au vert, pour apostropher un inconnu assez brave et aléatoirement affublé d'une tête d'autochtone (?) qui pourrait éventuellement nous renseigner sur l'itinéraire - s'il est bien luné, pas trop asocial et qu'il connaît un peu son quartier, ce qui fait beaucoup de si pour un résultat optimal, je vous l'accorde volontiers.
Le GPS nous apporte donc a priori toute la liberté que l'on attendrait d'un copilote peu contraignant : il sait tout, il nous guide pas à pas à notre rythme et va même jusqu'à recalculer nos itinéraires sans jamais râler lorsqu'on se trompe. Et il ne coûte rien en bouffe. Et parfois même il nous lance une phrase incongrue évoquant une improbable et mystérieuse émancipation qui ferait presque de lui un compagnon - comme ce jour où mon père conduisant la voiture sous la surveillance électronique a priori bienveillante de l'ordinateur de bord, lui lance tout fier "Ta gueule, j'veux pas tourner ici" et la voiture de lui répondre "PARDON ?" de sa belle voix suave et mécanique façon Kit dans K 2000 (anecdote véridique même si elle reste inexpliquée en l'absence de commande vocale...!!!).
Oui mais cette manière d'atteindre ses buts - presque trop facilement - ne joue-t-elle pas en notre défaveur un peu comme la calculette l'aurait fait avant le GPS : Si c'était une bouteille de vin n'y aurait-il pas inscrit dessus "A consommer avec modération", ou si c'était un médicament ne serait-il pas précisé dans les effets indésirables : "Très utile mais à haute dose provoque le ramollissement lent mais certain de la connexion de vos neurones" ?
Outre le fait que l'on ne sera bientôt plus capable de se débrouiller tout seul pour trouver la boulangerie de notre quartier - parce que ces p'tites bêtes ça vient aussi infiltrer vos téléphones pour vous rendre encore plus dépendants : vicieux, très vicieux - ça nous empêche du même coup de nous perdre ! C'est le but vous allez me dire ; ce n'est pas faux. Mais quel dommage ! Le charme d'une petite virée surprise empreinte de magie et d'aventure parce que l'homme qui sait toujours tout gérer s'est... disons... égaré...
Non ? Je vous sens dubitatifs sur ce coup là.
Dans ce cas peut-être seriez-vous plus réceptifs à la notion de liberté ? Parce que, sous ce semblant de liberté grisante de pouvoir aller n'importe où sans contrainte d'orientation ou de trajet quelconque, ne devons-nous pas - l'espace de ces instants - abdiquer notre volonté pour laisser place à la voix péremptoire de l'ordinateur nous ordonnant de tourner à gauche, voire de faire demi-tour ? Je veux dire : En tant qu'être humain c'est moi qui suis sensé écouter la machine ??!
D'ailleurs parfois, quelque sursaut de volonté nous insite à contredire notre navigateur tout en le laissant allumé, l'obligeant ainsi à recalculer son itinéraire en fonction de NOUS, et non l'inverse. Une fois, deux fois, trois fois - STOP ! Eteints ce truc c'est fatigant, soit tu l'écoutes soit tu te débrouilles tout seul, mais par pitié arrête de le contredire sans cesse !
Car finalement : qui veut être vraiment libre, ne doit-il pas d'abord et avant tout être INDEPENDANT ?